La reconversion suscite de nombreuses peurs. La peur de se tromper de voie et de regretter. Mais aussi, la peur que cela ne marche pas et de devoir retourner dans son ancien job.
Quand c’est le cas, cela signe-t-il l’échec de sa reconversion ? Vaut-il mieux ne rien changer plutôt que de vivre cette situation ? Comment surmonter ses peurs et avoir un état d’esprit qui nous aide à aller de l’avant ?
Pour en savoir plus, j’ai interviewé Stéphanie, qui a lancé son entreprise de cuisine végane pour finalement repartir dans le salariat. Découvrez comment elle a vécu cette aventure et ses conseils pour vivre au mieux la reconversion.
1) Tout d'abord, comment as-tu trouvé ton idée de reconversion ?
J’en avais marre de mon boulot et j’avais obtenu une rupture conventionnelle. Je me suis trouvée sans travail, à la maison.
J’ai fait un bilan de compétences et des tests avancés, et ce qui en ressortait était déstabilisant : c’est à dire qu’il n’y avait aucune tendance. La conclusion, c’était : « Tu peux tout faire, l’important c’est que tu te sentes bien dans ce que tu fais » … Je me suis sentie assez démunie en entendant ça. (On le comprend !)
J’ai beaucoup réfléchi à ce que je voulais faire. Ça faisait longtemps que j’avais envie de monter ma structure et j’avais toujours eu une passion pour la cuisine. Je notais toutes mes idées pour monter mon entreprise dans la restauration, sans que ce soit concret.
Je crois que j’avais peur de finaliser et de devoir me lancer. Finalement, la vie m’a bousculée avec une rupture : je me suis dit, c’est le moment où jamais. Je n’ai pas de contrainte, je peux faire ce que j’ai envie et le vivre à 200%.
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2) Comment as-tu fait pour te lancer à ton compte ?
J’ai commencé par faire des interviews de personnes qui avaient monté leur boîte, dans des activités similaires à la mienne.
J’ai eu plein d’informations et de conseils grâce à cela. Le premier, c’était d’intégrer des réseaux comme Little big woman (un réseau de femmes entrepreneures), Smart (une coopérative), la BGE ou la CCI (des structures qui accompagnent les entrepreneurs qui se lancent).
Je me suis donc faite accompagner par ces différentes structures. Ça m’a permis de structurer mon activité et de me motiver au contact d’autres entrepreneurs. J’ai eu aussi grâce à cela mes premiers contrats.
Ce qui était top, c’est que je touchais toujours les aides de Pôle Emploi grâce à la ruche d’entreprise SMART. J’étais considérée comme demandeuse d’emploi, tout en travaillant avec la ruche. Ce que je gagnais était mis dans une cagnotte chez eux. Je pouvais sortir de l’argent de la cagnotte pour acheter mes matières premières. Je n’avais donc pas de pression financière.
3) Pourquoi es-tu repartie dans ton ancien secteur d'activité ?
2 choses se sont passées.
1) J’avais énormément de travail (cuisiner, faire le ménage, les devis, les courses, les photos pour les réseaux sociaux, mails …). Je n’arrêtais pas. Cela a duré 8 mois et c’était vraiment cool au départ.
Puis on a commencé à me demander des devis plus gros, et là j’ai pris conscience que je ne pouvais pas tout faire toute seule. Si je voulais passer à l’étape supérieure, je devais prendre un local, acheter une voiture pour livrer, … J’aurais dû prendre un crédit et mes allocations s’arrêtaient bientôt : je devais être sûre que ça marche.
2) Dans le même temps, j’avais besoin de faire avancer ma vie personnelle suite à ma rupture et vendre ma maison. Je ne pouvais pas faire évoluer les deux en même temps. J’ai dû choisir : qu’est-ce que je mets en priorité ?
La question c’était aussi : ai-je vraiment envie de prendre le risque ? Est-ce que ça en vaut vraiment la chandelle ? Est-ce que se lever à 6h pour faire les courses, cuisiner, livrer, j’en ai envie tous les jours ?
La cuisine, c’est ma passion, mais ce n’est pas pareil quand tu le fais tout le temps et que tu le monnayes …
J’ai finalement prioriser ma vie personnelle.
4) As-tu vécu ta reconversion comme un échec ?
Je ne l’ai pas vécu comme un échec, parce que c’est moi qui ai pris la décision d’arrêter. Ce n’est pas parce que je ne m’en sentais pas capable, mais juste que je n’en avais pas envie. Je n’avais pas envie d’avoir un crédit en plus, un rythme de dingue et bosser en soirée et le week-end …
C’était une expérience géniale, mais je n’avais pas envie d’aller plus loin.
Et j’ai bien fait, parce que deux mois après c’était le confinement ! J’ai eu aussi la chance d’être recrutée 2 semaines après avoir décidé d’arrêter mon activité. Ils ont été impressionnés par le fait que j’ai monté ma boîte.
Je suis très épanouie dans mon job actuel : l’entreprise partage les mêmes valeurs que moi et il y a une très bonne entente entre collègues. On me fait confiance, j’ai beaucoup de missions en autonomie. Plus que les missions, c’est l’environnement que je trouve vraiment chouette. Je travaille aussi de chez moi, en télétravail, ça me convient très bien pour la vie de famille.
5) Qu'est-ce que cette expérience t'a apportée ?
Ça m’a apporté plein de choses dans une période de vie compliquée. J’ai beaucoup appris et ça m’a donné énormément confiance en moi. J’ai reçu beaucoup de retours positifs, c’était très satisfaisant.
J’ai aussi pris conscience que, finalement, le salariat ce n’était pas si mal. Ça m’a permis de prendre conscience des avantages et de les apprécier.
Maintenant, je me sens capable de réaliser de grandes choses. Je suis fière d’avoir entrepris ça toute seule. Je n’ai plus peur si je perds mon job : je sais que je peux rebondir.
6) Quels conseils donnerais-tu pour vivre au mieux sa reconversion ?
Tout d’abord, si tu as un rêve, essaie. Si ça ne marche pas, ça ne sera pas un échec, tu auras toujours appris plein de choses.
Ensuite, se lancer mais bien accompagné. Je conseillerai de s’inscrire dans des structures même si les formations ne semblent pas parfaites. Elles apportent un cadre et motivent. Cela oblige à réfléchir à son projet et à en parler.
C’est essentiel aussi de ne jamais rester seul, sinon tu stagnes. Rencontrer d’autres personnes ouvre des possibilités et permet de voir qu’on galère tous.
En résumé, 3 conseils :
Essayer pour ne pas avoir de regret (sans se mettre en danger, en préparant son projet)
Etre entouré(e) professionnellement, à la fois par des structures (BGE, CCI, …) et d’autres entrepreneurs
Parler de son projet encore et encore
Pour conclure :
Le plus important à retenir, c’est qu’il n’y a pas d’échec. Soit nous réussissons, soit nous apprenons. Dans tous les cas, nous évoluons et cette expérience va nourrir nos expériences futures.
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